Comme l'écrit P.Valéry la poésie est un langage dans le langage où la seule limite est l'imagination de chaque poète. La forme poétique a ainsi varié au fil du temps et adopté au gré des modes poétiques et de la créativité des auteurs différents aspects.
Les poèmes à forme fixe :
- Le Sonnet :
Il est apparu au XVI ème siècle avec les poètes de la Pléiade et est particulièrement utilisé par Joachim Du Bellay. Il restera jusqu'au XIX eme siècle avec l'alexandrin un référence de l'art poétique. Il est composé de 4 strophes : 2 quatrains ( strophe de 4 vers ) et de 2 tercets (strophe de 3 vers ). Le sonnet comporte en tout 14 vers.
Ex : Sonnets pour Hélène, « Quand vous serez bien vieille » (Ronsard).
- Le blason
Le blason est un type de poème à la mode au XVIe siècle à la suite de l'épigramme du Beau Tétin de Clément Marot publié en 1535. Son originalité repose sur un parti-pris thématique : le poète s'attache à un détail anatomique du corps féminin et en développe l'éloge dans un jeu poétique brillant. En contrepoint apparaît rapidement le contre-blason qui prend le parti de la satire et du blâme. La structure formelle n'est pas définie : il s'agit de poèmes assez courts (30-40 vers) en octosyllabes ou en décasyllabes placés dans un système en rimes plates où le poète démontre son esprit et sa virtuosité.
Exilé à la cour de Ferrare pour ses convictions protestantes, Clément Marot (1496-1544) invente le genre moderne du blason avec le poème du Beau Tétin dans ses Épigrammes en (1535) qui apparaît comme un jeu poétique pétrarquisant qui systématise le portrait féminin en s'attachant à un point anatomique particulier (d'où le titre du recueil Blasons anatomiques du corps féminin publié en 1543). Devant le succès du genre, Marot produit en 1536 le premier contre-blason Blason du laid tétin qui fait le dénigrement moqueur de son sujet. Les poètes du temps rivalisent en composant blasons (éloge) et contre-blasons (blâme) comme Maurice Scève (Blason du sourcil, 32 décasyllabes) ou Mellin de Saint-Gelais (blason de l’œil, 40 octosyllabes) regroupés dans un recueil intitulé Blasons anatomiques du corps féminin. Clément Marot félicite ses confrères poètes dans une épître qui résume cette mode poétique6.
Ressources : http://abardel.free.fr/recueil_de_douai/venus/blasons.htm
- L’Ode :
Poème lyrique divisé en strophes, dont la pratique en langue française date du XVIème siècle. Une ode est composée de 3 strophes : la strophe, l’antistrophe, l’épode. Les trois strophes sont en général formées sur le même nombre de vers. Le ton d’une ode doit être enthousiaste, saisissante, rythmée.
Ex : « Mignonne, allons voir si la rose » (Ronsard).
- La Chanson (de geste):
Récit en vers du Moyen-Age, souvent composée par un poète anonyme (le trouveur), mettant en scène,sur un fond historique parfois ténu, des exploits (geste latin gesta, "actions", "hauts faits" en ancien français) de chevaliers. Le récit est destiné à être chanté par un jongleur avec léger accompagnement musical (proche de la mélopée). La chanson de geste est constituée d'une succession de strophes de longueur inégale (de laisses) bâties sur une seule voyelle (assonance).
- La Ballade :
Forme courante à la fin du Moyen Age, la ballade est un poème lyrique constitué généralement de trois strophes identiques (souvent de 8 ou 10 vers, avecdes rimes réparties selon la structure ABABBCBC ou ABABBCCDCD) se terminant par un refrain, et d'une demi-strophe appelée l'envoi, qui reprend les dernières rimes et le refrain. Les contraintes formelles, qui exigent du poète une grande virtuosité, servent à créer un certain nombre d'effets.
Ex : « La Ballade des pendus » de François Villon.
- Le Lai :
Pratiqué par les troubadours, il s’agit d’un petit poème narratif, souvent en octosyllabe, empreint de
sensibilité et de mélancolie.
Ex : Les lais de Marie de France (XIIIème siècle).
- Le Rondeau :
En poésie, un rondeau est un poème de trois strophes (5/3/5 ou 4/2/4 vers) comptant deux rimes,
avec un refrain à la fin des strophes 2 et 3 (qui reprend le premier hémistiche du vers 1).
Les poèmes en vers libres :
Les vers libres composent un énoncé poétique dont les mètres sont inégaux et sont déterminés, non par une règle, mais par la recherche du rythme le plus adapté à la création du poète. Le vers libre, déjà employé au XVIIème siècle par La Fontaine, est utilisé surtout depuis la fin du XIXème siècle (période symboliste) et est la caractéristique de la poésie moderne.
Ex : « Comme une femme solitaire
Qui dessine pour parler
Dans le désert ». (Paul Eluard, Poésie interrompue).
Ici, le nombre de syllabes dans chaque vers est varié et irrégulier.
Formes poétiques typographiques:
- L’acrostiche :
Poème dont on peut lire le sujet, le nom de l’auteur ou celui du dédicataire dans un mot formé des initiales de
chaque vers.
Vous portâtes, digne Vierge, princesse,
Iésus régnant qui n’a ni fin ni cesse.
Le Tout-Puissant, prenant notre faiblesse,
Laissa les cieux et nous vint secourir,
Offrit à mort sa très chère jeunesse ;
Notre Seigneur tel est, tel le confesse :
En cette foi je veux vivre et mourir.
Poème de François Villon, extrait du Grand Testament.
- Poème en avalanche ou « Boule de neige »
Le jeu consiste à composer un poème dont le premier mot compte une lettre, le deuxième deux lettres, le
troisième trois lettres, et ainsi de suite. Ex :
O (1)
Un (2)
Rat (3)
Cris ! (4)
Joues (5)
Blêmes (6)
Courses (7)
Eperdues (8)
Moqueries (9)
Ricanantes (9)
Poursuivent (10)
L’effarouchée ! (11)
Le calligramme : poèmes graphiques
Le souci de mise en forme visuelle du texte sur la page connaît un aspect particulier avec ce qu’on nomme les calligrammes. Le calligramme est un poème dont les lettres et les mots forment un dessin en relation directe avec le contenu du poème. Les calligrammes figurent souvent des objets ou des animaux, des petites scènes, ou même tout simplement des formes géométriques.
Le mot « calligramme » a été employé pour la première fois par Apollinaire en 1918. Il a été utilisé au XVIII ème siècle et même au XVI ème siècle par Rabelais (la bouteille)