Alfred de Vigny est né à Loches, en Touraine, en 1797, mais il passe la plus grande partie de son enfance à Paris. Ses ancêtres sont nobles ce qui, sous l'Empire, n'amène que jalousies et moqueries. Avec la Restauration, toutefois, Vigny devient sous-lieutenant des Compagnies rouges et les rêves de gloire militaire sont permis; pourtant la carrière des armes devient rapidement décevante, monotone, amère. Il s'inspirera de cette expérience dans Servitude et grandeur militaires.
Dès 1816, Vigny compose des poèmes et, à partir de 1820, il fréquente Nodier et Hugo au Cénacle. Sa carrière littéraire est lancée et parallèlement à des pièces poétiques qu'il réunit dans ses Poèmes antiques et modernes (cf.Moïse, La Fille de Jephté et Le Cor qui sont repris ici), Vigny exploite son talent dramatique, d'abord dans Cinq-Mars (1826), dans une adaptation de l'Othello de Shakespeare (1829) puis, surtout, dans Chatterton (1835).
Entre 1835 et 1848, Vigny subit une série d'épreuves (rupture d'avec Marie Dorval, mort de sa mère, maladie de son épouse, échec électoral aux élections de 1848) qui le poussent à l'isolement. C'est à partir de cette époque que Vigny travaille à son chef-d'œuvre, Les Destinées, que nous reprenons intégralement sur ce site. De 1838, avec La Mort du Loup, jusqu'à 1863 (L'Esprit pur), Vigny compose lentement ce recueil aux allures philosophiques dans lequel un pessimisme radical se manifeste d'abord (par exemple dans Le Mont des Oliviers) mais où, progressivement, avec des pièces comme Une Bouteille à la mer et L'Esprit pur, l'espoir est placé dans les vertus du progrès social, intellectuel et spirituel.
Les vertus militaires d'abnégation et d'honneur se retrouvent dans la poésie de Vigny. On y ressent une hauteur de vue qui n'est sans doute pas rare chez les romantiques, mais qu'on sent chez lui plus sincère que chez d'autres.