TARTUFFE Molière

Tartuffe de Molière (1667)

 

Personnages

  • Madame Pernelle : mère d'Orgon et favorable à Tartuffe qui est, d'après elle, un personnage pieux et respectable. Dès la scène d'exposition, elle est immédiatement disqualifiée par Molière : elle incarne l'aveuglement d'une génération dépassée. D'ailleurs, elle sera la dernière personne à comprendre son erreur.
  • Orgon : mari d'Elmire et fils de Madame Pernelle. C'est une personne naïve et entêtée.
  • Elmire : femme d'Orgon. Contrairement à Orgon, elle est présentée comme un personnage entièrement positif. Elle est caractérisée par deux termes: la discrétion et l'efficacité. En effet, sans les interventions intempestives de Damis, la pièce aurait pu se terminer bien plus tôt. Elle est le dernier recours pour démêler des situations familiales complexes (mariage entre Tartuffe et Mariane).
  • Damis : fils d'Orgon et frère de Mariane, il a reçu le caractère de son père (colérique) mais ses actions demeurent inefficaces.
  • Mariane : fille d'Orgon, sœur de Damis et amante de Valère. Elle est très timide et plutôt passive.
  • Valère : amant de Mariane.
  • Cléante : beau-frère d'Orgon. Personnage calme, réfléchi et intelligent. C'est pourquoi il essaye de raisonner Tartuffe à l'acte IV.
  • Tartuffe : faux dévot. Hypocrite et pique-assiette. Il n'arrive pas avant la scène 2 de l'acte III et sera absent pendant presque tout l'acte V.
  • Dorine : suivante de Mariane. Personnage plein de bon sens et de franc parler.
  • Monsieur Loyal : sergent royal5
  • Un exempt : officier royal chargé des arrestations.
  • Flipote : servante de Madame Pernelle.

Résumé

Orgon est l’archétype du personnage de cour tombé sous la coupe de Tartuffe, un hypocrite et un faux dévot. Il est, ainsi que sa mère, Madame Pernelle, dupe de Tartuffe. Ce dernier réussit à le manipuler en singeant la dévotion et il est même parvenu à devenir son directeur de conscience. Il se voit proposer d'épouser la fille de son bienfaiteur, alors même qu’il tente de séduire Elmire, la femme d'Orgon, plus jeune que son mari. Démasqué grâce à un piège tendu par cette dernière afin de convaincre son mari de l'hypocrisie de Tartuffe, Tartuffe veut ensuite chasser Orgon de chez lui grâce à une donation inconsidérée que celui-ci lui a faite de ses biens. En se servant de papiers compromettants qu’Orgon lui a remis, il va le dénoncer au Roi. Erreur fatale : le Roi a conservé son affection à celui qui l’avait jadis bien servi lors de la Fronde. Il lui pardonne et c’est Tartuffe qui est arrêté.

Acte I

La scène d'exposition s'ouvre sur le départ mouvementé de madame Pernelle, mère d'Orgon, déçue et révoltée du train de vie que mènent ses petits-enfants, sa belle fille et son beau-fils par alliance. Ainsi l'acte s'ouvre sur le chaos installé par Tartuffe dans cette famille. Orgon apparaît alors. Il raconte avec émotion à Cléante sa première rencontre avec Tartuffe.

Acte II

Orgon veut briser son engagement envers Valère et marier sa fille Mariane à Tartuffe. Cette nouvelle cause une dispute entre les deux amants, dispute vite réglée par Dorine la suivante de Mariane, qui complote pour rétablir le calme dans sa maison.

Acte III

Tartuffe apparaît et tente de séduire Elmire. Damis entend la conversation et en informe son père. Par la suite, Damis est chassé par son père qui l'accuse de dénigrer Tartuffe. Orgon veut faire de Tartuffe son héritier.

Acte IV

Cléante tente en vain de mettre Tartuffe en face de ses responsabilités. Il est la cause du renvoi de Damis. Quant à l’héritage, il lui indique qu’il n’a aucune légitimité pour en bénéficier. Tartuffe reste intraitable : il n’interviendra pas pour aider Damis et il ne peut refuser cette donation. Mariane, dont le sort semble scellé, livre à son père son désespoir de se voir promise à Tartuffe. Elmire décide alors d’agir. Face à la crédulité et à l'aveuglement de son mari, elle lui propose de lui apporter la preuve de l’hypocrisie de son protégé. Elle demande à Orgon de se cacher sous la table afin qu'il puisse assister à une entrevue qui n'aura d'autre but que de révéler la véritable personnalité de Tartuffe. Survient alors Tartuffe qui se montre tout d’abord méfiant. Puis très vite il recommence une cour assidue auprès d’Elmire. À la fois furieux et effondré, Orgon intervient et ordonne à Tartuffe de quitter les lieux. Hélas, il est trop tard. Tartuffe rappelle à Orgon qu’il lui a fait don durant l’après-midi de ses biens et que c'est lui, Tartuffe, qui est à présent le propriétaire de la maison.

Acte V

Tartuffe réclame l'arrestation d'Orgon, comme traître au Roi. En effet Orgon a mis dans ses mains une cassette qu'un ami lui avait confiée, cette cassette contenant des documents compromettants. Coup de théâtre : l'exempt lui rétorque que c'est lui, Tartuffe qu'on va arrêter sur le champ sur ordre du Roi. Tartuffe ne comprend pas. C'est que le Roi, en récompense des services rendus par Orgon, lui pardonne cette correspondance et punit le délateur Tartuffe, coupable d'un crime commis avant le temps de la pièce.

Ainsi la pièce se termine dans la joie, car, de ce fait et par autorité royale, le Prince annule les papiers signés par Orgon et faisant acte de donation à Tartuffe et Orgon donne la main de Mariane à Valère, « amant fidèle »

 

Tartuffe est le chef-d’œuvre de Molière.

 

Cette pièce a d’abord le mérite de l’intérêt. Toute cette famille, en proie à un personnage horrible, nous inspire de la sympathie : nous y voyons une femme aimable et sage, un fils impétueux, mais honnête et franc, un frère sensé et respectable, une position honorable. Ils étaient heureux et unis, le malheur fond chez eux dès que l’imposteur y a mis les pieds ; c’est tout un monde bouleversé : affections, fortune, honneur, ils sont atteints de tous les côtés.

 

Quelle vérité dans la peinture des caractères ! Celui de Tartuffe surpasse tout par la profondeur de l’observation. Quel art de nous le montrer, dès l’exposition, par les sentiments qu’il excite chez tous les membres de la famille, tout en attendant le troisième acte pour le faire paraitre ! Comme dès qu’il entre en scène, il précipite l’action ! Et Orgon est aussi parfait que Tartuffe lui-même ! C’est la dupe idéalisée. Et tous les personnages, jusqu’à la vieille madame Pernelle, aussi infatuée que son fils, et Dorine, la suivante à la langue affilée, sont des chefs-d’œuvre en leur genre.

 

On a blâmé le dénouement comme fondé sur des moyens étrangers à l’action. En cela on a oublié que cette scélératesse est si criminelle qu’elle exige un châtiment plus sévère que la simple expulsion de la famille, et qu’elle est si dangereuse qu’il faut pour la briser l’action d’une force supérieure.

 

Au point de vue moral, Tartuffe excita de vives controverses entre les mondains et les gens sérieux. Bourdaloue s’arma contre lui de sa dialectique ; Bossuet, de son impétueuse éloquence. On fut injuste envers Molière : il n’avait pas l’intention d’attaquer la vraie religion, et les hommes religieux l’auraient dû sentir. Le portrait qu’il trace est vrai ; l’hypocrisie reçoit une flétrissure méritée, et le temps comportait une pièce de ce genre. Mais c’est une question de savoir jusqu’où peut aller le langage de la piété sur le théâtre, et dans une telle bouche. Chez les âmes religieuses, il y aura toujours un mouvement douloureux en entendant profaner l’expression de ce qu’elles respectent. Tartuffe, sans doute, est le coup le plus dangereux porté, non à la religion, mais aux attitudes religieuses.

Date de dernière mise à jour : 18/05/2016

Ajouter un commentaire

Anti-spam