Baudelaire est un poète dont l’œuvre se situe au carrefour Romantisme, du Parnasse et du chemin à peine tracé du Symbolisme. Mais Baudelaire se distingue par sa vision extrêmement personnelle de la poésie et ne s’identifiera à aucun de ces mouvements qu’il ne manquera pas d’ailleurs de critiquer.
Il publia de son vivant une seule œuvre, les Fleurs du Mal. Ce recueil de poèmes fut condamné et censuré à sa sortie, car trop choquant pour la morale bourgeoise, avant de passer à la postérité. Baudelaire y met en lumière la dualité entre la violence et la volupté, le bien et le mal, la laideur et la beauté, l’enfer et le ciel.
Baudelaire, qui a mené une vie en totale opposition avec les codes moraux de son époque, est l’image même du poète esthète et écorché vif. Non reconnu de son vivant, le poète en tira une profonde tristesse. Il sera ensuite acclamé par ses successeurs : "le vrai Dieu" selon Rimbaud, "le premier surréaliste" pour Breton ou encore "le plus important des poètes" pour Valéry. Ses œuvres inaugurent la modernité en poésie.
Un refus de l’autorité
Né à Paris le 9 avril 1821, Charles Baudelaire n’a que six ans lorsque son père meurt. Sa mère se remarie un an plus tard avec le général Aupick. Il refuse cette union et sera toujours en opposition avec ce militaire aux valeurs et aspirations très différentes des siennes. Il entre au lycée Louis le Grand à Paris. Baudelaire se fait remarquer par son caractère rebelle. Il commence à fréquenter le Quartier latin. En 1839, il est renvoyé de Louis le Grand mais obtient néanmoins son baccalauréat. Il choisit délibérément une vie de bohème.
Un dandy
Sa famille, qui n’apprécie guère la vie dissolue du jeune homme, le pousse à embarquer en 1841 à bord d’un paquebot pour les Indes. Bien qu’il n’aille pas au terme de son voyage, Baudelaire en retira un grand nombre d’impressions dont il s’inspirera dans ses œuvres (L'Albatros, Parfum exotique…). Baudelaire retourne à Paris en 1842 et rencontre Jeanne Duval qui devient sa maîtresse. Il dépense sans compter l’héritage qu’il a reçu de son père, ce qui incite sa famille à le placer sous tutelle judiciaire. Il est alors contraint de travailler pour subvenir à ses besoins et devient journaliste et critique d’art. Il se forme un goût de l’esthétique. Il commence à écrire certains poèmes des Fleurs du mal.
Ses débuts littéraires
En 1847, Baudelaire découvre l’écrivain américain Edgar Poe. Comme lui, il partage une certaine idée du goût du mal et une même conception de l'art. Il traduit de nombreuses œuvres de l’auteur pour le faire connaître aux Français : Contes extraordinaires (1854), Histoires extraordinaires (1856), Nouvelles Histoires extraordinaires (1857), Aventures d'Arthur Gordon Pym (1858).
C'est également en 1847 que Baudelaire tombe sous le charme de Marie Daubrun. Celle-ci lui inspira plusieurs poèmes. Un peu plus tard, c’est Mme Sabatier qui occupe toutes ses pensées.
Une œuvre très controversée, son talent ignoré
En juillet 1857, Baudelaire publie son œuvre majeure : Les Fleurs du Mal. Ce recueil de poèmes est condamné « pour outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs ». Baudelaire et son éditeur doivent payer une lourde amende. Une nouvelle édition est produite 1861, d’où sont supprimées six poèmes conformément au jugement prononcé. Une demande de réhabilitation des Fleurs du Mal devant la cour de cassation aboutira le 30 mai 1949, et annulera la précédente condamnation.
Croulant sous les dettes, Baudelaire part en Belgique pour y donner des conférences. Dans un premier temps plein d’espoir pour ce nouveau départ, il est vite déçu par cette expérience. Il séjournera en Belgique de 1864 à 1866, date à laquelle le poète commence à avoir de sérieux problèmes de santé (syphilis, perte de la parole…).
Il retourne à Paris en juillet 1866. Il s’y éteint un an plus tard, à l’âge de quarante-six ans, des suites de la syphilis, de l’abus d'alcool et autres drogues.
En 1868 sont publiés à titre posthume le Spleen de Paris et les Curiosités esthétiques.
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