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LES FEMMES SAVANTES (Molière)

Les Femmes savantes est une comédie de mœurs de Molière, en cinq actes et en vers, créée le par la Troupe du Roy au Palais-Royal.

 

Résumé

La pièce raconte l'histoire d'une famille, où la mère (Philaminte), la belle-sœur de cette dernière (Bélise) et une de ses deux filles (Armande) sont sous l'emprise d'un faux savant (Trissotin), qui les subjugue de ses poèmes et savoirs pédants mais s'intéresse plus à l'argent de la famille qu'à l'érudition des trois femmes. Cette situation désole le reste de la famille, à savoir le mari de Philaminte (Chrysale), le frère de ce dernier (Ariste) et la cadette des filles (Henriette) ; mais ces derniers ne s'opposent pas frontalement aux « chimères » des autres femmes de la famille.

Pendant longtemps, Clitandre a courtisé Armande, sœur d'Henriette, mais cette dernière s'est toujours refusée à lui, lui préférant « les beaux feux de la philosophie ». Clitandre est alors devenu amoureux de Henriette, et tous deux veulent se marier.

Dans ce but, ils vont devoir obtenir le soutien de la famille. Chrysale et Ariste sont favorables au mariage. Mais le reste de la famille, c'est-à-dire les trois « femmes savantes », s'y opposent. Philaminte veut qu'Henriette épouse Trissotin, pour asseoir son alliance avec la science et la philosophie. Cette volonté est appuyée par Bélise et Armande. Cette dernière exprime une certaine jalousie que sa sœur convole avec son ancien soupirant.

Chrysale ne veut pas s'opposer fermement aux volontés de son épouse, et il semble que le mariage d'Henriette et Clitandre soit compromis, à l'avantage de Trissotin. Les deux amants tentent alors de s'opposer au philosophe mais aucun ne réussit, jusqu'à ce qu'Ariste parvienne à déjouer la duplicité de Trissotin ; Henriette peut alors se marier avec Clitandre.

Les personnages

  • Philaminte, la mère. C'est elle qui dirige la petite « académie » et qui a découvert Trissotin. Parce que celui-ci flatte son orgueil, elle le considère comme un grand savant au point qu'elle pense réellement qu'il peut faire un bon parti pour sa fille. Elle milite également pour la « libération » des femmes et s'attache à diriger la maisonnée, même si c'est en dépit du bon sens.
  • Bélise, la tante. Sœur de Chrysale, c'est une vieille fille qui ne s'est jamais mariée, et l'on devine que c'est en partie par dépit qu'elle a rejoint les « femmes savantes ». Elle se croit cependant irrésistible et s'invente des soupirants ; elle s'imagine en particulier que Clitandre est amoureux d'elle et qu'Henriette n'est qu'un prétexte.
  • Armande, la fille aînée. Autrefois courtisée par Clitandre, elle l'a rejeté et celui-ci est alors tombé amoureux de sa sœur Henriette. Elle prétend que cela la laisse indifférente, mais en fait, elle est jalouse de sa sœur et n'a qu'un but : empêcher les deux amoureux de se marier.
  • Trissotin, un pédant. Bien qu'il se vante d'être un grand connaisseur en lettres et en sciences, il est tout juste bon à faire des vers que seules Philaminte, Bélise et Armande apprécient. S'il s'intéresse aux femmes savantes, c'est semble-t-il davantage pour leur argent que pour leur érudition. Ce personnage est inspiré de l'abbé Charles Cotin. Les poèmes qu'il lit à la scène 2 de l'acte III sont inspirés de textes présents dans les Œuvres mêlées (1659) et les Œuvres diverses (1663, 1665) dudit abbé.
  • Vadius, un pédant comme Trissotin. Il est tour à tour son camarade et son rival. Sa querelle avec Trissotin sur leurs poèmes respectifs met en relief la petitesse d'esprit de ce dernier. Ce personnage est inspiré du grammairien Gilles Ménage. Une telle dispute est d'ailleurs réellement arrivée entre Charles Cotin et Gilles Ménage à l'époque de l'écriture de la pièce.
  • Chrysale, le père. Il se prétend le maître de la maison et affirme que les femmes ne doivent s'occuper de rien d'autre que des tâches ménagères ; cependant, il a du mal à contredire sa femme quand celle-ci prend ses décisions, notamment sur le renvoi de Martine.
  • Henriette, la fille cadette. C'est la seule femme de la famille qui ne fasse pas partie des « femmes savantes » : à leur galimatias pédant, elle préfère les sentiments qui la lient à Clitandre.
  • Clitandre, le soupirant d'Henriette. Autrefois amoureux d'Armande, il fut éconduit par celle-ci.
  • Ariste, l'oncle. Frère de Chrysale, il n'accepte pas de voir celui-ci se laisser mener par le bout du nez par sa femme, et apporte son soutien à Clitandre et Henriette.
  • Martine, la servante. Au début de la pièce, elle est renvoyée par Philaminte pour avoir parlé en dépit des règles de la grammaire. Elle revient à la fin pour défendre les arguments de Clitandre et d'Henriette.
  • Julien, le valet de Vadius.
  • L'Épine, le valet de Trissotin.
  • Le notaire, chargé du mariage.

 

Interprétation

Les Femmes savantes sont l’avant-dernière pièce de Molière, juste avant Le Malade imaginaire. Pour Elisabeth Chailloux metteur en scène c’est une comédie pure et dure, mais aussi une pièce dont on peut se demander si elle est féministe ou réactionnaire. Dans la maison de Chrysale, les femmes ont pris le pouvoir et décidé de consacrer leur existence au savoir. Les hommes de la maison laissent faire jusqu’à ce que Philaminte renvoie la cuisinière, la seule qui savait faire à manger. Si bien que, comble du désordre chez les bourgeois, on ne déjeune plus à l’heure ! Les hommes décident alors de reprendre le pouvoir, ce qu’ils feront en mettant à jour la bêtise de Trissotin, le maître spirituel que s’étaient choisi les femmes.

Est-ce donc une pièce féministe ou misogyne  ?

Ce qui est sûr, c’est qu’hommes et femmes en prennent également pour leur grade. En fait, je pense que c’est une pièce absolument féministe et absolument réactionnaire. Mais ce qui me touche le plus, c’est que ces femmes sont ridicules, c’est vrai, et ont absolument tout faux, mais que cette pièce permet aussi de revisiter leur rêve, ce désir qu’elles expriment maladroitement et qui va être repris et transformé par d’autres.

 

 

Structure de l'œuvre

Acte I

Scène 1
Henriette annonce à Armande son intention d'épouser Clitandre. Armande, après avoir fait part du dégoût que lui inspire le mariage, la met en garde : Clitandre a été son soupirant et il est possible qu'il l'aime encore.
Scène 2
Clitandre intervient : la froideur d'Armande a éteint son amour pour elle et il n'aspire plus qu'à épouser Henriette. Cette dernière répond à son amour et lui enjoint de demander sa main.
Scène 3
Armande s'est retirée de dépit et Henriette conseille à Clitandre de gagner sa mère à leur cause, vu que c'est elle qui dirige la maisonnée. Clitandre sait qu'il devrait la flatter, mais il trouve leurs « études » futiles et ne peut le cacher.
Scène 4
Clitandre rencontre Bélise et tente de lui parler, mais elle s'imagine qu'il lui fait une déclaration d'amour indirecte et ne l'écoute presque pas.

Acte II

Scène 1
Ariste fait un court monologue pour dire qu'il soutient Clitandre.
Scène 2
Arrivée de Chrysale sur scène. Ariste tente de lui dire les projets de Clitandre et Henriette mais Chrysale ne l'écoute pas et raconte leur jeunesse.
Scène 3
Ariste en vient à la demande en mariage de Clitandre pour Henriette, mais Bélise intervient pour leur dire qu'ils se trompent et que c'est elle que Clitandre aime ; Ariste n'est pas dupe et Chrysale rappelle qu'elle s'est déjà inventé des soupirants.
Scène 4
Après le départ de Bélise, ils reviennent à la demande en mariage, que Chrysale approuve ; quand Ariste lui conseille d'en parler à sa femme, il réplique qu'elle n'a rien à dire là-dessus et qu'il est le maître de la maison.
Scène 5
La vraie situation du ménage se dévoile quand Martine annonce à Chrysale que Philaminte la chasse.
Scène 6
Accompagnée de Bélise, Philaminte pourchasse Martine, et motive le renvoi de la servante par son mauvais vocabulaire et sa grammaire incorrecte, ce qui est pire à ses yeux que de casser ou de dérober quelque chose.
Scène 7
Au cours d'une discussion, Chrysale éclate de colère et reproche à Philaminte de négliger le bon sens au profit de ses études et de son admiration pour Trissotin.
Scène 8
Le débat se prolonge jusqu'à ce qu'en entendant parler du mariage d'Henriette, Philaminte annonce qu'elle lui a choisi Trissotin pour époux, ce à quoi Chrysale ne sait que répondre.
Scène 9
Quand Ariste reparaît, Chrysale lui avoue sa faiblesse mais prend la résolution de ne plus se laisser dominer par son épouse.

Acte III

Scène 1
Apparition de Trissotin et de sa « cour » de femmes savantes.
Scène 2
Henriette apparaît au début de la scène et veut s'écarter, mais Philaminte la retient tandis que Trissotin entame la lecture de ses poèmes ; les femmes savantes font ensuite la description de leur future « académie ».
Scène 3
On voit apparaître Vadius ; après un temps de compliments mutuels, Vadius critique le sonnet de Trissotin, ce qui provoque une querelle entre eux. Finalement, Vadius jure de se venger.
Scène 4
Philaminte annonce à Henriette son intention de la marier à Trissotin.
Scène 5
Armande complimente Henriette, tout en lui rappelant qu'elle doit obéir à sa mère.
Scène 6
Chrysale reparaît et ordonne à Henriette d'accepter Clitandre pour époux, ce qu'elle fait immédiatement. Seule Armande ne se réjouit pas de cette situation.

Acte IV

Scène 1
Armande rapporte à Philaminte la scène précédente. Elle en profite pour critiquer Clitandre.
Scène 2
Clitandre apparaît et demande à Armande pourquoi elle le déteste tant. Elle lui reproche de s'être intéressé à Henriette alors qu'elle aurait voulu qu'il continue de l'aimer platoniquement. Clitandre affirme que ce n'est pas tant lui qui est allé s'intéresser à Henriette qu'Armande qui l'a repoussé de sa froideur. Philaminte conclut en rappelant que de toute façon, Henriette est promise à Trissotin.
Scène 3
Au bout d'un moment, Clitandre et Trissotin se livrent à une joute verbale sur les mérites de la science.
Scène 4
Julien, valet de Vadius, apporte à Philaminte une lettre de son maître dans laquelle ce dernier lui affirme que Trissotin n'en veut qu'à ses richesses, et les œuvres d'Horace, Virgile, Térence et Catulle, dans lesquelles Vadius a noté en marge tous les endroits pillés par son rival. Mais elle décide de faire venir le notaire pour conclure immédiatement le mariage d'Henriette et de Trissotin.
Scène 5
Averti des projets de Philaminte, Chrysale décide de contrecarrer les plans de son épouse.

Acte V

Scène 1
Henriette rencontre Trissotin en privé et lui demande de renoncer au mariage ; mais Trissotin s'entête, prétextant qu'il est fou amoureux d'elle.
Scène 2
Chrysale arrive accompagné de Martine, et réaffirme sa volonté d'être le maître de la maison tout en demandant à être soutenu.
Scène 3
Philaminte et les femmes savantes font venir le notaire ; Chrysale et Philaminte nomment chacun un époux différent pour Henriette, et Martine défend le choix de Chrysale.
Scène 4
Le coup de théâtre final est donné par Ariste : il annonce à Philaminte qu'elle a perdu son procès et que Chrysale est ruiné. Apprenant cela, Trissotin tente de renoncer au mariage, car son seul objectif était l'argent des parents d'Henriette ; il tombe en disgrâce auprès de Philaminte, qui finit par comprendre son véritable but. Ariste révèle alors qu'il a menti pour amener Trissotin à se trahir. Le mariage de Clitandre et Henriette est conclu.

Date de dernière mise à jour : 02/12/2016

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