ELUARD Paul (1895-1952)

                Paul Eluard (1895-1952).

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Eugène Émile Paul Grindel dit Paul Éluard (1895-1952). En 1916, il choisit le nom de Paul Éluard hérité de sa grand-mère. Il adhère au dadaïsme et s'affirme comme un des piliers du suréalisme. Pendant la seconde guerre mondiale, il devient un poéte engagé et avec Louis Aragon l'un des symbole de la Résistance en littératture.

Une vie et une oeuvre d'engagement marquée par trois femmes : Gala, Nusch, Dominique

  • Gala et la naissance du surréalisme (1914-1930)

Paul Éluard est né dans une famille de la petite bourgeoisie. Atteint de tuberculose. Il reste hospitalisé pendant 2 ans au sanatorium de Clavadel, près de Davos. Il y rencontre une jeune russe de son âge  Helena Diakonova qu'il surnomme Gala. La forte personnalité, l'impétuosité, l'esprit de décision, la culture de la jeune fille impressionnent le jeune Éluard qui prend avec elle son premier élan de poésie amoureuse, un élan qui se prolongera dans tous ses écrits. Elle dessine son profil, et il ajoute à la main : « Je suis votre disciple ». Ils lisent ensemble les poèmes de Gérard de Nerval, Charles Baudelaire, Lautréamont et Guillaume Apollinaire. Il se marie en 1916. En 1918, lorsque la victoire est proclamée, Paul Éluard allie la plénitude de son amour à une profonde remise en question du monde : c'est le mouvement Dada qui va commencer cette remise en question, dans l'absurdité, la folie, la drôlerie et le non-sens. C'est ensuite le surréalisme qui lui donnera son contenu (voir fiche). Juste avant les surréalistes, les dadaïstes font scandale. Éluard, ami intime d'André Breton, est de toutes les manifestations dada. Il fonde sa propre revue Proverbe dans laquelle il se montre, comme Jean Paulhan, obsédé par les problèmes du langage. En 1922, il promet à André Breton de « ruiner la littérature » et de ne plus rien produire. Le 24 mars 1924, il embarque à Marseille pour un voyage autour du monde. Le lendemain, paraît le recueil Mourir de ne pas mourir qui porte en exergue « Pour tout simplifier je dédie mon dernier livre à André Breton ». Toute la vie d'Éluard se confond à présent avec celle du mouvement surréaliste. C'est cependant lui qui échappe le mieux à la réputation de violence et qui est le mieux accepté comme écrivain par la critique traditionnelle. Éluard se plie à la règle surréaliste résumée par cette phrase du Comte de Lautréamont : « La poésie doit être faite par tous, non par un ». En 1928, malade, il repart dans un sanatorium avec Gala, où ils passeront leur dernier hiver ensemble. C'est à ce moment que Gala, qui était ouvertement la maîtresse de Max Ernst rencontre Salvador Dalí et quitte le poète pour le peintre.Peu après, il fait la connaissance de Maria Benz, une artiste de music-hall d'origine Alsacienne surnommée "Nusch" avec qui il se mariera en 1934.

  • Nusch et le combat pour la liberté (1931-1946)

Les années 1931-1935 comptent parmi les plus heureuses de sa vie. Marié avec Nusch en 1934, il voit en elle l'incarnation même de la femme, compagne et complice, sensuelle et fière, sensible et fidèle. En 1931, il s'insurge contre l'Exposition coloniale organisée à Paris et signe un tract où est écrit : « Si vous voulez la paix, préparez la guerre civile ».Exclu du parti communiste, il continue sa lutte pour la révolution, pour toutes les révolutions. Ambassadeur du surréalisme, il voyage dans toute l'Europe soumise à des régimes fascisants. En Espagne en 1936, il apprend le soulèvement franquiste, contre lequel il s'insurge violemment. L'année suivante, le bombardement de Guernica lui inspire le poème Victoire de Guernica. Pendant ces deux années terribles pour l'Espagne, Éluard et Picasso ne se quittent guère. En 1946 Nusch meurt d'une hémorragie cérébrale.

  • Dominique et l'engagement pour la paix (1947-1952)

En avril 1948, Éluard publie des Poèmes politiques préfacés par Louis Aragon. À Mexico il rencontre Dominique Lemort avec qui ils se marieront en 1951. Éluard publie cette même année le recueil Le Phénix entièrement consacré à la joie retrouvée. Jusqu’à sa mort il s’engage pour la Paix.

L'œuvre

Exaltation de l'expérience amoureuse

La poésie d'Éluard est d'abord une exaltation lucide du désir. Capitale de la douleur (1926) montre que le monde de la maladie, de la solitude et de la mort, est toujours menaçant, mais c'est justement aussi ce qui donne son prix au bonheur. L'amour « égoïste » de L'Amour la poésie peut également s'ouvrir et œuvrer pour le bonheur de tous, comme en témoignent La Vie immédiate (1932) et Les Yeux fertiles (1936), célébrant son amour partagé avec Nusch. La mort de Nusch est l'occasion d'un pari fou sur l'avenir, d'un authentique recommencement. Le Dur Désir de durer est un acte de foi envers le langage conçu comme une lumière capable de faire reculer les ténèbres de la souffrance.

Chez Paul Éluard, les exigences morales épurent le mot sans jamais éluder les bouleversements de l’homme, tant la logique de l’amour les soutient. « Pour lui, l’amour est la grande force révolutionnaire », souligne Jacques Gaucheron.

Libérer le langage pour changer la vie

Le langage de la poésie d'Éluard dépasse l'automatisme pur et ne se contente pas de mettre au jour le minerai de l'inconscient. Il cherche à rendre évidentes des associations de mots, d'images, qui pourtant échappent à tout lien logique. Car si « la terre est bleue comme une orange » (L'Amour, la poésie), c'est que, pour le poète, tout est possible à qui sait « voir ».

Une poésie engagée

On compte notamment, parmi ses écrits les plus engagés : Cours naturel, 1938, Facile proie, 1938, Le Livre ouvert, 1941, Poésie et vérité, 1942, Poèmes politiques, 1948

Pendant la guerre Éluard demande sa réinscription, clandestine, au parti communiste. Les vingt et une strophes de Liberté, publiés dans le premier numéro de la revue Choix, sont parachutées par les avions anglais à des milliers d'exemplaires au-dessus de la France (ce poème est mis en musique par Francis Poulenc dès 1944).

En 1943, avec Pierre Seghers et Jean Lescure, il rassemble les textes de nombreux poètes résistants et publie un livre controversé intitulé L'Honneur des poètes. À la Libération, il est fêté avec Louis Aragon comme le grand poète de la Résistance.

Date de dernière mise à jour : 11/02/2016

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