ZOLA Emile (1840-1902)

Emile Zola (1840-1902)

 

Émile Zola (à l'état civil Émile Édouard Charles Antoine Zola) est un écrivain et journaliste français, né à Paris le 2 avril 1840 et mort dans la même ville le 29 septembre 1902. Considéré comme le chef de file du naturalisme, c'est l'un des romanciers français les plus populaires, les plus publiés, traduits et commentés au monde. Ses romans ont connu de très nombreuses adaptations au cinéma et à la télévision].

Sa vie et son œuvre ont fait l'objet de nombreuses études historiques. Sur le plan littéraire, il est principalement connu pour Les Rougon-Macquart, fresque romanesque en vingt volumes dépeignant la société française sous le Second Empire et qui met en scène la trajectoire de la famille des Rougon-Macquart, à travers ses différentes générations et dont chacun des représentants d'une époque et d'une génération particulière fait l'objet d'un roman.

Le monde de la peinture fascine Zola, très proche du mouvement impressionniste, avec des peintres qu'il a sans cesse défendus dans ses chroniques. Il gagne l'amitié d'Édouard Manet, qui le représente plusieurs fois dans ses œuvres ; grâce à lui, Zola fait la connaissance de Stéphane Mallarmé. Il est proche aussi de Camille Pissarro, Auguste Renoir, Alfred Sisley et Johan Barthold Jongkind. Paul Cézanne, son ami d'enfance, tient évidemment une place à part. Pendant des dizaines d'années, le peintre et l'écrivain se côtoient, échangent une correspondance riche et s'entraident même financièrement. Mais avec le temps, et surtout la publication de L'Œuvre, roman dans lequel l'artiste croit se reconnaître dans le personnage du peintre raté Claude Lantier, leur amitié s'éteint. Cézanne adresse sa dernière lettre à l'écrivain en 1886, et ils ne se reverront jamais plus.

Outre la critique (littéraire, artistique ou dramatique), Zola a publié dans la presse une centaine de contes et tous ses romans en feuilletons. Il pratiquait un journalisme polémique, dans lequel il affichait ses haines, mais aussi ses goûts, mettant en avant ses positions esthétiques, mais aussi politiques. Il maîtrise parfaitement ses interventions journalistiques, utilisant la presse comme un outil de promotion de son œuvre littéraire. Pour ses premiers ouvrages, il a en effet rédigé des comptes-rendus prêts à l'emploi qu'il a adressés personnellement à toute la critique littéraire parisienne, obtenant en retour de nombreux articles [16]

Les dernières années de sa vie sont marquées par son engagement dans l'affaire Dreyfus avec la publication en janvier 1898, dans le quotidien L'Aurore, de l'article intitulé « J'accuse » qui

C'est au travers de ses interventions dans la presse politique que l'engagement de Zola est le plus marquant. La libéralisation de la presse en 1868 lui permet de participer activement à son expansion. Par des amis de Manet, Zola entre au nouvel hebdomadaire républicain

Déjà en son temps, l'immense succès de Thérèse Raquin avait agacé Daudet et les Goncourt. Avec la réussite, et surtout les scandales, d'autres grandes amitiés de l'écrivain se distendent. Des campagnes de presse sont lancées contre Zola, notamment avec un pamphlet publié dans Le Figaro en 1887 : le Manifeste des cinq. Cinq romanciers d'inspiration naturaliste et proches de Daudet et Goncourt, opèrent une attaque en règle contre l'écrivain et La Terre, son nouveau roman en cours de parution dans la presse. Ils lui reprochent violemment ses faiblesses documentaires, « la niaiserie de ses leçons d'hérédité », « le superficiel dans l'observation », « le discours décadent », en affirmant que « le maître est descendu au fond de l'immondice » ! Zola décide de ne pas répondre, mais la presse se fait globalement le défenseur de l'écrivain. Les relations entre Zola, Goncourt et Daudet se refroidissent dès lors

Avec le succès viennent les honneurs. Zola a accepté la croix de la Légion d'honneur à condition d'être dispensé de la demande écrite officielle. Après de nombreuses tergiversations, liées à des articles sévères du romancier sur ses confrères écrivains dans la presse en 1878, Édouard Lockroy lui accorde cette décoration. L'écrivain est donc fait chevalier de la Légion d'honneur le 13 juillet 1888, au grand dam encore une fois des Goncourt et d'Alphonse Daudet, mais aussi de ses proches, voire de son ami Paul Alexis. Octave Mirbeau intitule même un article sur Zola à la une du Figaro : « La Fin d'un homme ». Le 13 juillet 1893, Raymond Poincaré le fait officier de la Légion d'honneur. Mais, en raison de sa condamnation consécutive à « J'accuse », Zola est suspendu de l'ordre de la Légion d'honneur le 26 juillet 1898 et n'y sera jamais réintégré.

Par ailleurs, il est présenté à la Société des gens de lettres par Alphonse Daudet en 1891, et accueilli en son sein « exceptionnellement par acclamation et à main levée à l'unanimité. » Il est élu au comité, puis élu et réélu président de l'association de 1891 à 1900. Il exerce très sérieusement ses fonctions : il intervient dans la presse pour présenter son organisation et ses valeurs[42], il fait reconnaître la société comme établissement d'utilité publique, le droit de la propriété littéraire et la défense des auteurs en France progressent sous son autorité, des conventions avec des pays étrangers, comme la Russie[43], sont signées.

« Notre héros, écrit Zola, n'est plus le pur esprit, l'homme abstrait du XVIIIe siècle. Il est le sujet physiologique de notre science actuelle, un être qui est composé d'organes et qui trempe dans un milieu dont il est pénétré à chaque heure »

Naturalisme : au début du XVIIIe siècle, ce dérivé savant de « naturel » distinguait le système symbolique d'interprétation de phénomènes naturels. L'expression « naturalisme » s'employa plus tard dans le cadre de théories excluant une cause surnaturelle. Au XVIIIe siècle, on utilise aussi ce mot dans le vocabulaire scientifique pour désigner le caractère naturel d'un phénomène. Ce terme tomba en désuétude jusqu'en 1857 au moment où la Revue Moderne publia une critique. Celle-ci qualifia la peinture de Gustave Courbet de naturaliste, dans le sens de « peintre de la nature réaliste ».

Henri Mitterand distingue deux périodes dans le naturalisme théorique de Zola qu'il situe au carrefour du Romantisme (Jules Michelet et Victor Hugo), dont il a été imprégné par ses lectures de jeunesse, et du Positivisme qu'il a pratiqué à la Librairie Hachette (Taine et Littré). La première époque court de 1866 à 1878 avec un point de départ posé par la publication de Mes haines. Zola s'y veut moderniste, révolutionnaire dans l'âme, en réaction. Il rejette le romantisme démodé « comme un jargon que nous n'entendons plus». Au Congrès scientifique de France en 1866, Zola adresse un mémoire qui compare le roman naturaliste à l'épopée. L'écrivain y affirme que le genre épique est spécifique à la Grèce antique, et ce lien nécessaire entre un genre littéraire et un contexte spécifique donné manifeste clairement un déterminisme littéraire proche de celui de Taine. Cette démarche critique est ainsi définie par le philosophe : « la race, le milieu, le moment et la faculté maîtresse ». Mais Zola se distingue de Taine en affirmant la prédominance du tempérament. C'est la différence principale entre le réalisme de Taine et le naturalisme. Ainsi pour l'écrivain, « une œuvre d'art est un coin de la création vu à travers un tempérament. » (Le Salut public, 26 juillet 1865).

Après 1878, et la lecture de Claude Bernard, Zola, introduit la notion de méthode expérimentale afin que la littérature « obéisse à l'évolution générale du siècle». Zola applique cette définition à la technique romanesque transformée « en étude du tempérament et des modifications profondes de l'organisme sous la pression des milieux et des circonstances». Il ne faut toutefois pas voir dans les textes de critique littéraire de Zola l'exacte clé des thèmes et du style de l'écrivain, même si une relation évidente existe entre l'œuvre technique et l'œuvre dramatique.

Le naturalisme consiste donc en la recherche des causes du vice dans l'hérédité. De ce fait, le romancier naturaliste est « observateur et expérimentateur ». L'observateur accumule des renseignements sur la société et ses milieux, sur les conditions de vie et d'environnement. Il doit cerner de près la réalité qu'il transpose par un usage serré et acéré du langage. L'expérimentateur joue dès lors son rôle, par la construction d'une trame qui amalgame les faits et construit une mécanique où il enchaîne ces faits par une forme de déterminisme des principes liés au milieu et à l'hérédité. Le personnage naturaliste est ainsi la conséquence déterminée de constantes physiques, sociales et biologiques. Le romancier naturaliste a un but moral. Zola écrit : « nous sommes les juges d'instruction des hommes et de leurs passions, c'est-à-dire des moralistes expérimentateurs ».

La littérature naturaliste est une littérature de synthèse du type balzacien et de l'anti-héros flaubertien, qui engendre des personnages vidés d'individualité La prépondérance de Zola dans le milieu naturaliste est indiscutable et le débat se catalysera d'ailleurs essentiellement autour de lui. L'école naturaliste est le plus souvent appelée École de Médan du nom de la maison appartenant à Zola, où les écrivains proches du mouvement naturaliste comme le premier Huysmans[66] et Maupassant, avaient l'habitude de se réunir lors de soirées dites de Médan. Le volume collectif de ces soirées paraît deux ans plus tard. En dehors de l'œuvre zolienne, le naturalisme a donné peu d'œuvres majeures. C'est ainsi que Stéphane Mallarmé a pu dire : « Pour en revenir au naturalisme, il me paraît qu'il faut entendre par là littérature d'Émile Zola, et que le mot mourra, en effet, lorsque Zola aura achevé son œuvre. »

Date de dernière mise à jour : 11/02/2016

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