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LE ROMANTISME

LE ROMANTISME EN FRANCE

(1820-1848)

Le romantisme est un courant artistique d'Europe occidentale apparu au cours du XVIIIe siècle en Grande-Bretagne et en Allemagne, puis au XIXe siècle en France, en Italie et en Espagne. Il se développe en France sous la Restauration et la monarchie de Juillet, par réaction contre la régularité classique jugée trop rigide et le rationalisme philosophique des siècles antérieurs.

Le romantisme s'esquisse par la revendication des poètes du « je » et du « moi », qui veulent faire connaître leurs expériences personnelles et faire cesser cet aspect fictif attribué aux poèmes et aux romans.

Le romantisme se caractérise par une volonté d'explorer toutes les possibilités de l'art afin d'exprimer les extases et les tourments du cœur et de l'âme : il est ainsi une réaction du sentiment contre la raison, exaltant le mystère et le fantastique et cherchant l'évasion et le ravissement dans le rêve, le morbide et le sublime, l'exotisme et le passé.

Idéal ou cauchemar d'une sensibilité passionnée et mélancolique, ses valeurs esthétiques et morales, ses idées et thématiques nouvelles ne tardèrent pas à influencer d'autres domaines, en particulier la peinture et la musique.

A sa tête, il y a Victor Hugo, puis viennent Théophile Gautier, Gérard de Nerval, Alexandre Dumas, Alfred de Vigny, Alphonse de Lamartine ….

Les limites chronologiques du Romantisme qui sont fixées sont aléatoires car il a continué à influencer la littérature française durant tout le XIXème siècle et de nombreux poètes comme Baudelaire ou le jeune Verlaine dont V. Hugo était la référence.

 

Origines françaises

 

Jean-Jacques Rousseau (XVIIIème s.) ouvre le préromantisme français. Madame de Staël introduit en France les idées du Romantisme allemand. Chateaubriand met l'accent sur l'exploration du "moi" et avec René il crée un mythe : le premier personnage et héros romantique de la littérature française.

 

Dans trois de ces œuvres Rousseau met l'accent sur l'expression de soi et des sentiments, et sur la recherche de l'harmonie entre l'être et la nature qui l'environne :

  • "Julie ou la Nouvelle Héloïse" : 1761
  • "Confessions" : 1782
  • "Rêveries d'un promeneur solitaire" : 1776-78

 

Le romantisme allemand est introduit en France par Madame de Staël fait un procès à la littérature française et trouve que la littérature française d'après la Révolution ne laisse pas assez de place à l'expression des sentiments et des sensations. Pour elle, il faut se détourner du modèle gréco-latin pour s'inspirer des littératures du Nord. De plus, la littérature classique se fait l'écho d'idées de conception de l'homme périmées, disparues avec le monde antique. Les romans de Goethe connaissent un grand succès en Europe. En 1774, il y a Les souffrances du jeune Werther et en 1808 Les affinités électives.

Enfin Chateaubriand amorce le mouvement romantique  en 1802  avec le personnage de René, premier jeune homme en proie au désespoir et au "mal du siècle" ; héros romantique balloté entre sentiments et sensations contradictoires. Il souffre de passion incestueuse pour sa sœur et traîne sa mélancolie en France et en Amérique. Le héros romantique instable et angoissé est né, mais le Romantisme français au sens propre apparaît en 1820 sous l'égide de Victor Hugo.

 

On peut signaler également comme source du romantisme l’exotisme amoureux avec le roman de Bernardin de Saint Pierre : Paul et Virginie publié en 1789.

 

Héros romantique et « mal du siècle »

 

Ce mouvement se développe dans le sillage des Lumières et de la Révolution de 1789. La Révolution de 1789 est un mythe pour les écrivains romantiques. Le mythe a apporté le nécessaire idéologique à leur mouvement, c'est à dire la notion d'individu.
Le Romantisme revendique la singularité et l'originalité de chaque personne. Par ailleurs, la destinée de Napoléon Ier nourrit une mythologie de réussite et de destin exceptionnel.

 

Après la chute de Napoléon 1er l’écrivain et les héros  romantiques ont le sentiment d'être floué par l'époque qu'il traverse : une époque de désillusion marquée par les échecs comme celui de la Révolution de 1830. Ce malaise historique se transforme souvent en angoisse existentielle voir métaphysique.


Ce "Mal du siècle" se traduit par un ennui inquiet provoqué par l'inactivité. L'œuvre Adolphe de Benjamin Constant fournit une première impression de ce mal de vivre. L'impossibilité à s'extérioriser peut conduire à la folie, au spleen, voire au suicide. Le héros négatif du "Mal du siècle", qui ne parvient ni à jouir, ni à pleurer, qui est usé avant l'âge, éprouve cette terrible dysharmonie de l'être qui se prolongera dans l’œuvre de Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal) et dans la « musique poétique » de Verlaine et les poètes et écrivains  « décadents » de la fin du 19ème siècle comme Jules Laforgue.

Il est symptomatique de la situation de l’écrivain à cette époque. Le mécénat n'existe presque plus. Sa plume doit le nourrir. Souvent, il vend sa liberté littéraire, comme Théophile Gautier ou Gérard de Nerval, en se faisant journaliste. C'est pourtant à ce moment-là que le poète paraît incarner, relayant la religion, une nouvelle instance sacrée. L'écrivain est donc à la fois sacralisé et maudit. L'alternative pour les écrivains est simple : ou ils s'adaptent à la société bourgeoise et adoptent ses codes, ou ils décident de se constituer en marge de cette société.

 

Le Romantisme se fonde sur des influences très contradictoires incarnées à la fois par des revues conservatrices et des journaux libéraux. Victor Hugo réussit à fédérer ces mouvements autour d'un texte manifeste : la Préface de Cromwell, d'un Salon littéraire , et d'un évènement fondateur mythologique : la bataille d'Hernani.


 

Le mouvement romantique s'organise autour de deux revues conservatrices. En 1819, Le conservateur littéraire et en 1823 La muse française. Comme tout mouvement il trouve son manifeste  dans la préface de Cromwell de V. Hugo qui définit les règles du drame romantique (voir fiche).

 

C'est le plus important manifeste du Romantisme en France. Il propose une histoire culturelle et esthétique où il met en avant, à côté de la culture officielle, la permanence d'une contre-culture populaire, c'est à dire celle du grotesque incarné par des personnages comme Polichinelle, Sancho Pança, Sganarelle, Figaro. Le grotesque permet de jouer sur un effet de contraste, en opposition avec le sublime, ce qui est d'une infinie richesse. Parallèlement, Victor Hugo définit une poétique fondée sur le naturel, c'est à dire l'abandon d'un vers trop rigide, la recherche d'un lexique plus commun, le renoncement à la règle des trois unités (temps / lieu / action) au théâtre.

 

La pièce Hernani va montrer l'opposition entre les romantiques et les classiques. Elle raconte la rébellion d'un noble espagnol contre son roi. Victor Hugo, dans cette pièce, fait beaucoup d'entorses romantiques à la langue, c'est à dire : étirement et cassure du vers, emploi de termes banals, langage familier dans la bouche des Grands, formules triviales, métaphores percutantes et insolites. La première de cette pièce est un scandale. Mais le Romantisme est à présent un mouvement reconnu et officiel.

 

Les thèmes des auteurs romantiques

 

Quelques thèmes apparaissent de façon récurrente chez les auteurs romantiques, comme le "moi" et l'amour malheureux. Quelques décors sont privilégiés ainsi que l'Histoire et l'exotisme. Quelques sensations sont suscitées chez le lecteur, comme le dépaysement et le mystère.

 

  • Le "moi"

Le Romantisme s'écrit d'abord à la première personne. La poésie lyrique exalte un "je" qui s'exprimerait au nom de tous. Des genres naissent (comme le journal intime ), se développent ( comme l'autobiographie ) et exaltent le désir de la connaissance de soi. C'est souvent un "moi" douloureux atteint par le "Mal du siècle" que met en scène le Romantisme. Le héros peut être banni (comme Jean Valjean ou Quasimodo), ou s'exclure lui-même (comme Frollo ou Lorenzaccio) à cause de sa misanthropie.

  • Amour malheureux

Dans un monde guetté par l'ennui et la désillusion, l'amour semble être le refuge des idéaux. Pourtant, l'histoire d'amour romantique se termine rarement bien. Séparés par des malentendus, la loi, les préjugés, les couples romantiques ne s'unissent que dans la mort. Une double mort construit souvent la mythologie de ces couples impossibles.

  • L'exotisme

La traduction est en vogue ainsi que la curiosité pour l'ailleurs. L'attrait pour l'Orient est avivé par les découvertes comme les hiéroglyphes et s'exprime dans Les Orientales de Victor Hugo (1829). Noms propres exotiques, informations sociologiques, descriptions précises, insertion de mots étrangers dans la narration : le souci de la couleur locale romantique est une façon d'aviver le mystère et le sentiment d'étrangeté.

  • La rêverie, le mystère et le fantastique

Le romantique aime le mystère et le surnaturel. Le fantastique connaît un grand succès au XIXème siècle : il y a les spécialistes du genre, c'est à dire Théophile Gautier, Charles Nodier et Prosper Mérimée. Dans le récit fantastique, le lecteur hésite devant une explication réaliste ou surnaturelle des évènements décrits. Le récit fantastique est à l'image de la littérature romantique : il se construit sur l'opposition et la contradiction
 

Le Romantisme montre ce qu'est un mouvement littéraire. A la fois divers et organisé, il se construit autour de manifestes, de lieux de réunions, de manifestations symboliques et de quelques personnalités fortes, de l'influence des écrivains qui ne lui sont pas directement liés comme Honoré de Balzac, Stendhal et George Sand. Le Romantisme suscite également une sorte de version romancée voire mythologique de la personnalité de Victor Hugo et en fait un dieu vivant. Surtout, la grande force du Romantisme est d'avoir influencé durablement les écrivains et poètes du 19 ème siècle.

Date de dernière mise à jour : 14/03/2016

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