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IONESCO Eugène (1909-1994)

 

Eugène Ionesco (1909-1994)

 

Eugène Ionesco, né Eugen Ionescu le 26 novembre 1909 [] à Slatina (Roumanie) et mort le 28 mars 1994 à Paris, est un dramaturge et écrivain roumain et français. Il passe la majeure partie de sa vie à voyager entre la France et la Roumanie. Représentant du théâtre de l'absurde, il écrit de nombreuses œuvres dont les plus connues sont La Cantatrice chauve, Les Chaises et Rhinocéros.

Eugène Ionesco est le fils d'un juriste roumain travaillant dans l'administration royale. Sa mère, Marie-Thérèse Ipcar, qui lui apprendra le français, est la fille d'un ingénieur français luthérien des chemins de fer qui a grandi en Roumanie

En 1938, Ionesco reçoit de l'institut de français à Bucarest une bourse afin de préparer une thèse de doctorat sur les thèmes du péché et de la mort dans la poésie moderne depuis Baudelaire, ce qui lui permet d'échapper à l'atmosphère étouffante d'une Roumanie nationaliste qu'il supporte mal. De Paris, il fournit des informations aux revues roumaines sur les évènements littéraires de la capitale.

Après la défaite de la France lui et son épouse rentrent en Roumanie. Ionesco fait jouer ses amitiés et parvient à obtenir un poste d'attaché de presse à l'ambassade de Roumanie auprès du régime de Vichy[2]. Il s’installe définitivement en France avec son épouse, d'abord à Marseille, puis à Paris. Le couple connaît alors une période de grande gêne financière.

En 1947, inspiré par les phrases d'exercices de L'Anglais sans peine de la méthode Assimil, Ionesco conçoit sa première pièce La Cantatrice chauve, qui est jouée en 1950 et à défaut d'attirer immédiatement le public, retient l'attention de plusieurs critiques. En 1950, il prend la nationalité française. Il continue d'écrire des pièces, comme La Leçon (représentée en 1951).

1953 est l'année de la reconnaissance : Victimes du devoir est représentée pour la première fois, accompagnée d'une série de sept sketches, et reçoit un accueil favorable. Le premier recueil en un volume de ses pièces est imprimé. Ionesco rédige encore Amédée ou Comment s'en débarrasser et Le Nouveau Locataire.

Ionesco est alors reconnu comme un auteur jouant spirituellement avec l'absurde et parvient presque à vivre de ses pièces. En 1957, il devient Satrape du Collège de 'Pataphysique. La Cantatrice chauve et La Leçon reçoivent une nouvelle mise en scène au petit théâtre de la Huchette à Paris ; elles figurent depuis lors sans interruption au programme de cette salle.

Pendant l'hiver 1958-1959, Ionesco développe la pièce Tueur sans gages à partir du récit Oriflamme.

En automne 1959, paraît chez Gallimard Rhinocéros, nouvelle pièce dans laquelle Ionesco manifeste son effroi devant toutes les formes de totalitarisme : cette pièce (Rhinocéros) reprend, avec de légères modifications, l'action et les personnages de la nouvelle de même nom qui avait été écrite antérieurement (la nouvelle en question sera ultérieurement incorporée (1962) au recueil La Photo du colonel).

La pièce est représentée pour la première fois dans une traduction allemande le 6 novembre 1959 au Schauspielhaus de Düsseldorf, où le public acclame la critique du nazisme. La pièce est créée dans sa version française à Paris à l'Odéon-Théâtre de France le 22 janvier 1960 dans une mise en scène de Jean-Louis Barrault et des décors de Jacques Noël : pour Ionesco, c'est la consécration. En avril 1960, Rhinocéros est monté à Londres au Royal Court Théâtre dans une mise en scène d'Orson Welles avec Laurence Olivier dans le rôle de Bérenger.

En 1961-1962, naît Le roi se meurt, une réflexion sur la mort ; en 1962, c'est Délire à deux et Le Piéton de l'air (d'après la nouvelle, cf. le recueil La Photo du colonel).

En 1962 également, paraît sous le titre Notes et contre-notes une collection d'articles et de conférences d’Ionesco sur son théâtre. En 1964, Rhinocéros est mise en scène dans son pays natal, la Roumanie.

Un peu malgré lui, Ionesco entrait maintenant dans le personnage de l'écrivain établi, invité à des conférences, comblé des prix et d'honneurs (« Au pluriel, au pluriel », disait Péguy) et accédait en 1970 à l'Académie française, élu au fauteuil de Jean Paulhan, qui avait été l'un de ses plus précieux soutiens durant les années 1950. Dans la dernière partie de sa vie, il s'essaya également au genre romanesque et termina en 1973 Le Solitaire, où un personnage à la fois marginal et insignifiant passe en revue son passé vide de sens et son présent.

Comme dramaturge, Ionesco transforme en pièce le roman Ce formidable bordel ! (1973). Dans cette pièce, il fait jouer au personnage principal un rôle tout à fait passif, presque muet et tout de même impressionnant. Comme la pièce ne se prive pas de jeter des sarcasmes sur les soixante-huitards, ceux-ci le traitent d'auteur fascisant, lui qui avait été longtemps considéré comme le porte-parole d'une critique radicale de la société moderne.

Quand il meurt à Paris, à l'âge de 84 ans, pour être enterré au cimetière du Montparnasse[6], Ionesco est non seulement roi sans couronne du théâtre de l'absurde, mais il est aussi considéré comme l'un des grands dramaturges français du XXe siècle.

Eugène Ionesco est considéré, avec l'Irlandais Samuel Beckett, comme le père du théâtre de l'absurde, pour lequel il faut « sur un texte burlesque un jeu dramatique ; sur un texte dramatique, un jeu burlesque ». Au-delà du ridicule des situations les plus banales, le théâtre d’Ionesco représente de façon palpable la solitude de l'homme et l'insignifiance de son existence. Il refusait cependant lui-même la catégorisation de ses œuvres sous la dénomination de théâtre de l’Absurde. « Je préfère à l’expression absurde celle d’insolite. » Il voit dans ce dernier terme un caractère d’effroi et d’émerveillement face à l’étrangeté du monde alors que l’absurde serait synonyme de non-sens, d’incompréhension. « Ce n’est pas parce qu’on ne comprend pas une chose qu’elle est absurde » résume son biographe André Le Gall.

Date de dernière mise à jour : 11/02/2016

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