RIMBAUD Arthur (1854-1891)

       Arthur Rimbaud (1854-1891).

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Arthur Rimbaud écrit ses premiers poèmes à quinze ans. Lui, pour qui le poète doit être « voyant » et qui proclame qu'il faut « être absolument moderne », renonce subitement à l’écriture à l'âge de vingt ans. Ses idées marginales, anti-bourgeoises et libertaires le poussent à choisir une vie aventureuse, dont les pérégrinations l’amènent jusqu’au Yémen et en Éthiopie, où il devient négociant, voire explorateur. De cette seconde vie, ses écrits consistent en près de cent quatre-vingts lettres (correspondance familiale et professionnelle) et quelques descriptions géographiques.

Bien que brève, la densité de son œuvre poétique fait d'Arthur Rimbaud une des figures des plus emblématiques de la poésie française.

 

Eléments biographiques :

Né à Charleville d’un père militaire et d’une mère au foyer très possessive Arthur Rimbaud [4] se montre un excellent élève et rédige très tôt  en latin avec aisance, des poèmes, des élégies, des dialogues….Le 24 mai 1870, Arthur, alors âgé de quinze ans et demi, écrit au chef de file du Parnasse, Théodore de Banville, pour transmettre ses volontés : « devenir Parnassien ou rien » et se faire publier. Pour cela, il joint trois poèmes : Ophélie, Sensation et Credo in unam. Banville lui répond, mais les poèmes en question ne paraîtront pas dans la revue. En février 1871, à l'issue du siège de Paris, Rimbaud fait une nouvelle fugue vers la capitale. La situation politique du pays est tendue et Rimbaud cherche à entrer en contact avec de futurs communards comme Jules Vallès et Eugène Vermersch, mais aussi avec le milieu des poètes ; il rencontre aussi le caricaturiste André Gill. Rimbaud revient à Charleville avant le début demais en ressent très profondément la tragédie. Selon Paul Verlaine, Rimbaud a composé son plus beau poème en vers à la suite de la semaine sanglante : Les Veilleurs son sujet était la douleur sacrée causée par la chute de la Commune. Charles Bretagne met Rimbaud en contact avec son ami Paul Verlaine et un courrier a dû sceller le prochain départ de Rimbaud pour Paris vers le mois d'août. Rimbaud a tout juste dix-sept ans atteint sa maturité poétique comme en témoignent plusieurs chefs-d'œuvre comme Les Premières communions et Le Bateau ivre.

En mars 1872, les provocations de Rimbaud excèdent le milieu parisien depuis quelque temps. Rimbaud se fait oublier quelque temps en retournant à Charleville, puis revient dans la capitale dans le courant du premier semestre 1872 pour de nouveau quitter Paris le 7 juillet, cette fois en compagnie de Verlaine. Commence alors avec son aîné une liaison amoureuse et une vie agitée à Londres, puis à Bruxelles.

Cette liaison tumultueuse se termine parce que la chronique littéraire désigne sous le nom de « drame de Bruxelles » : en juillet 1873, les deux amants sont à Londres. Verlaine quitte brusquement Rimbaud, en affirmant vouloir rejoindre sa femme, décidé à se tirer une balle dans la tête si elle n'accepte pas. Il retourne alors à Bruxelles et réside dans un hôtel. Rimbaud le rejoint, persuadé que Verlaine n'aura pas le courage de mettre fin à ses jours. Alors que Rimbaud veut le quitter, Verlaine, ivre, tire sur lui à deux reprises, le blessant légèrement au poignet. Verlaine est incarcéré à Mons.

Rimbaud s’isole pour écrire Une saison en enfer. Son parcours littéraire s'achève par l'irruption de « la réalité rugueuse à étreindre ». Commence alors une série de voyages en Europe puis en 1876 s’engage dans la légion néerlandaise pour des missions à Java. Il ne reviendra quasiment plus en France et mènera une vie aventureuse et de trafics en tous genres. Il mourra à Aden en 1891.

Apport poétique

Sur le plan de la forme, Arthur Rimbaud a pratiqué une versification de plus en plus ambitieuse en fait d'enjambements à l'entre-vers et à la césure, avant de « déglinguer » littéralement la mécanique ancienne du vers, autour de 1872, dans les trois quatrains de Tête de faune puis dans un ensemble de compositions souvent réunies sous le titre apocryphe de Derniers vers. Il a introduit le vers libre en France, avec deux poèmes des Illuminations : Marine et Mouvement. Certains symbolistes, comme Gustave Kahn, s'attribueront "l'invention" du vers libre, mais ce dernier avait justement contribué à la première publication des Illuminations en 1886 et aucune version significative de poème en vers libre non rimbaldien n'a été attestée à une date antérieure. Rimbaud a donné ses lettres de noblesse à un type de poème en prose distinct d'expériences plus prosaïques du type du Spleen de Paris de Baudelaire. Les ressources poétiques de la langue sont encore exploitées sous un jour différent dans le célèbre poème en prose, pseudo-autobiographique, Une saison en enfer. Avec un fort penchant à l'hermétisme qu’il partage avec d'autres de ses quasi contemporains (Gérard de Nerval, Stéphane Mallarmé, sinon Paul Verlaine parfois), Rimbaud a le génie des visions saisissantes qui semblent défier tout ordre de description du réel. Deux compositions sont emblématiques à cet égard : Le Bateau ivre et Voyelles. Les propos radicaux des deux lettres dites « du voyant » et l'étrangeté des univers poétiques suggérés dans le sonnet Voyelles, les proses des Illuminations et l'ensemble dit des Derniers vers ont contribué à forger un mythique pouvoir démiurgique de la parole poétique. Si le sens énigmatique des Illuminations est mieux cerné de nos jours, il demeure étrangement polysémique, pour les poèmes en vers de 1872 et le sonnet Voyelle.

Appréhendée intuitivement par l'intégralité des poètes successeurs, la poésie de Rimbaud a ouvert la voie à la poésie contemporaine du XXe siècle et nombreux sont les auteurs qui s'en réclamèrent tels Alfred Jarry, Antonin Artaud, Roger Vitrac, René Char, Jean Venturini et tous les surréalistes, sans oublier les poètes de la revue Le Grand Jeu comme René Daumal et Roger Gilbert-Lecomte, ou encore Henri Michaux, ainsi que des artistes-interprètes, tels que Jim Morrison, Bob Dylan et Patti Smith.

 

Date de dernière mise à jour : 11/02/2016

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